Le Saugeais ou Sauget est un État autoproclamé composé de onze communes du Haut-Doubs, en France, réunies en une république héréditaire baptisée République libre du Saugeais. Montbenoît est la capitale de cette république de cent vingt-cinq kilomètres carrés.
Les habitants du Saugeais ont pour gentilé les saugets et saugettes.
Vers l’an 1000, une communauté religieuse organisée par un ermite nommé Benoît développe l'économie de cette portion de la vallée du Doubs qui deviendra seigneurie ecclésiastique jusqu'à la Révolution. Cette communauté de chanoines réguliers de saint Augustin (organisée par l'abbaye de Saint-Maurice dans le Valais) édifiera une abbaye au XIIe siècle qui présente, par son cadre, son histoire et ses vestiges architecturaux, un intérêt majeur. Elle est aujourd’hui le seul ensemble religieux médiéval de cette importance conservé dans le Doubs.
La nef du XIIe siècle contraste avec le chœur du XVIe siècle dénotant l’influence de la Renaissance italienne. Le cloître date des XIIe et XVe siècles. Dans l’église, vingt-six stalles en bois sculpté, toutes différentes, sont particulièrement remarquables, ainsi que la cuisine voûtée ou les petites portes qui mènent aux cachots ou aux oubliettes.
On trouve les premières traces migratoires en 1350 (1348 et 1349 furent les deux années dévastatrices de la grande peste noire) notamment l'arrivée d'un Chaboz (Chabod) à la ferme de « chez la graine » qui donnera naissance à toute une lignée de Saugeais : Chabod, Bole-Richard, Bolle-Reddat, etc.
La langue saugette, toujours parlée, diffère des autres patois locaux. Elle trouve ses racines dans la haute vallée d'Aoste (Italie) et la Savoie au XVe siècle, importée par les compagnons venus restaurer l'abbaye vandalisée par les armées de Bernard de Saxe-Weimar pour le compte de Louis XIV.
La République
En 1947, le préfet du Doubs, Ottaviani, de passage à Montbenoît, déjeune à l'hôtel de l'Abbaye, dont le patron est Georges Pourchet. Lorsque le préfet entre à l'hôtel, Georges Pourchet lui demande sur le ton de la plaisanterie s'il a un laissez-passer pour venir en la République du Saugeais. Surpris, le préfet lui demande : « Monsieur Pourchet, expliquez-moi cela. » Après les explications, le préfet lui déclare, plaisantant lui aussi : « À une République, il faut un président. Eh bien, je vous nomme président de la République libre du Saugeais. » Georges Pourchet décide alors de prendre ce titre en charge[1].
L'abbé Martial Jeantet, curé de Montbenoît de 1964 à 1982, participe lui aussi à réactiver le folklore de cette communauté. En effet, ce passionné d'architecture trouve les fonds nécessaires à la rénovation de l'abbaye. La dynamique initiée par ces travaux voit réapparaître un courant folklorique régional de plus en plus important.
Après la mort de Georges Pourchet en 1968, la République reste cinq ans sans président. C'est en 1972, alors que son épouse Gabrielle Pourchet (1906-2005) faisait un repas de kermesse au bénéfice de la restauration de l'abbaye, qu'on est venu lui dire : « Les Saugets viennent de vous nommer présidente. » Elle tente alors de structurer la république par la nomination de représentants ambassadeurs, la frappe de monnaie ou la création d'un passeport saugeais. Il existe un hymne saugeais, composé en 1910 sur une musique de Théodore Botrel, le barde breton, par le chanoine Joseph Bobillier, né à Montbenoit. En outre, un timbre français de 2,50 F, incluant les symboles du Saugeais (blason médiéval, abbaye de Montbenoît, rivière), fut édité en 1987.
Liste des présidents de la république
De 1947 à 1968 Georges Pourchet (Président fondateur,1901 - 1968)
De 1968 à 2006 : Gabrielle Pourchet (Epouse du précédent,1906 - 2005)
Depuis 2006 : Georgette Bertin-Pourchet (Fille des précédents)
Télé Saugeais
Née en septembre 1978 autour d'une équipe de bénévoles, Télé Saugeais a mis en place un réseau de cinéma itinérant complété par la diffusion d'un magazine vidéo d'informations locales. En 1988, l'association mène une expérience de télé locale hertzienne sur le Haut-Doubs, produite en direct de l'abbaye de Montbenoît. C'est l'époque de la production des Montagnons (12 × 13 minutes).
Puis, de 1989 à 1995, Télé Saugeais occupe durant quinze minutes chaque mois le réseau de France 3 Bourgogne-Franche-Comté en diffusant La vie des Hauts. Les cinquante magazines ainsi réalisés traitent de la ruralité et témoignent des activités économiques, culturelles et sociales de cette région.
Cet ensemble de documentaires a reçu le Coq d'or du meilleur magazine au festival des Médias locaux en 1991.
Télé Saugeais a également développé une production indépendante diffusée sur les antennes régionales et nationales.
Les 24 heures de Montbenoît
Les 24 heures de Montbenoît sont une compétition sportive organisée autour de diverses activités : « Saugeathlon », randonnée VTT, prix cycliste, duathlon des jeunes. Il s'agit d'un rendez-vous prisé du printemps dans le Haut-Doubs, une occasion de découvrir les paysages du canton qui se prêtent particulièrement bien à la pratique de nombreux sports. Elles ont même été accompagnées en 1985 par la circulation d'un autorail spécial sur la ligne Pontarlier-Gilley (déclassée depuis et transformée en piste cyclable: le 'chemin du train').
Cette manifestation réunit chaque année près d’un millier de sportifs et 3000 spectateurs. Plus de 300 bénévoles sont impliqués dans son organisation.
Variante locale du triathlon, le Saugeathlon nécessite de faire ses preuves dans trois disciplines : un parcours de 7 km de descente en kayak sur le Doubs, suivi d’une course à pied sur 9 km entre Ville-du-Pont et Lièvremont, et d’un circuit dénivelé à VTT de 12 km pour les dames et de 24 km pour les hommes. D'autres épreuves ont lieu le deuxième jour, randonnées pédestre et VTT.
Les onze communes de la République sont :
Arçon
Bugny
Gilley (capitale économique)
Hauterive-la-Fresse
La Chaux
La Longeville
Les Alliés
Maisons-du-Bois-Lièvremont
Montbenoît (capitale politique)
Montflovin
Ville-du-Pont
Les communes saugettes ont une superficie totale de 125 km².
Le Saugeais a adopté le drapeau noir, rouge et jaune en 1981, chargé au centre du blason.
Le blason
En 1972, Yves Dornier, journaliste à L’Est Républicain, s’adresse à son amie Gabrielle Pourchet, fraîchement élue présidente de la République du Saugeais. Il lui propose de remettre un diplôme et une médaille de citoyen d’honneur aux personnes qui ont œuvré pour l’abbaye.
En 1973, pour illustrer ce diplôme et cette médaille, Yves Dornier contacte Henry de Saint-Ferjeux, colonel féru d’héraldique.
Quelques blasons sont proposés à Gabrielle Pourchet en présence de Martial Jeantet, ancien curé-chapelain, restaurateur de l’abbaye. Ils choisissent un blason composé d'une crosse d'évêque et d'un heaume de chevalier, qui rappellent l'histoire du lieu ; le sapin et la rivière résument le paysage de la république.
Lecture et symbolisme du blason :
Parti au un d’azur à la montagne de trois coupeaux d’argent sommé d’un pin de même.
ciel bleu profond de l’hiver : émail azur du champ ;
moyenne montagne : trois coupeaux ;
sapin couvert de neige : argent.
Au deux de sinople à une rivière d’argent ondée en fasce.
vert des forêts et des champs : émail sinople du champ ;
le Doubs, rivière ondée et brillante au soleil : argent.
En chef de gueules chargé d’une crosse abbatiale d’or et d’un heaume d’argent.
abbaye, centre spirituel, intellectuel et historique du Sauget ; marque d’abbé régulier, chef du monastère (autorisée par le pape Benoît XII en 1337) : crosse d’or ;
Landri, seigneur de Joux, cède Montbenoît vers 1100 au groupe de religieux qui y vivent : heaume argenté.
En plus de son hymne, le Saugeais possède ses timbres et sa monnaie, bien sûr inutilisables, mais appréciés des collectionneurs.
Source : wikipedia.org