La gauche, triomphante en fructidor, s'agite.
Les royalistes, qui en ont supporté les conséquences, se tiennent au contraire tranquilles ou même, pour éviter le retour de nouveaux ennuis, préfèrent soutenir discrètement les extrémistes afin de gêner un pouvoir qui se veut du juste milieu. Il y a eu incontestablement des royalistes à bonnet rouge. Ils ont manifesté leur puissance au moment des élections.
Les députés exclus à la suite du coup d'Etat du 18 fructidor n'ont pas été remplacés. Ce n'est donc pas le tiers, mais plus de la moitié des Assemblées qui est soumise à l'élection : 427 députés sur 750. Les modérés s'abstiennent ou votent pour des extrémistes. Les résultats connus, on s'aperçoit que près de 300 députés "anarchistes" vont siéger au Palais-Bourbon où le Conseil des Cinq-Cents a élu domicile) et aux Tuileries.
Alors, les Directeurs n'hésitent pas : quand on a commencé à violer la Constitution, il n'y a point de raison pour ne pas continuer. Les coups d'Etat engendrent d'autres coups d'Etat.
Hypocritement, on donne à l'affaire l'apparence de la légalité : une commission est chargée de réviser les opérations électorales. On découvre aisément que plusieurs d'entre elles sont illégales. Des pressions sont exercées par de prétendus inspecteurs financiers, qui ont été souvent employés par les Directeurs eux-mêmes.
Source : "De Bonaparte à Napoléon : 1798-1806", André Castelot et Alain Decaux, Editions Robert Laffont.