Les députés ont de nouveau voté hier soir pour le maintien de l'interdiction actuelle, avec dérogations, de la recherche sur l'embryon, comme souhaité par le gouvernement, au lieu d'une autorisation encadrée comme votée par les sénateurs.
En commission il y a deux semaines, les députés avaient pourtant opté, à deux voix près, pour une autorisation encadrée de la recherche sur l'embryon et les cellules souches. Pour rétablir l'interdiction, ils ont donc voté un amendement du rapporteur Jean Leonetti (UMP) par 73 voix contre 33, en deuxième lecture du projet de loi révisant les lois bioéthiques. L'Assemblée nationale a achevé dans la nuit l'examen de l'ensemble du projet de loi, qui fera l'objet d'un vote solennel mardi.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a plaidé pour la position "d'équilibre" de l'interdiction avec dérogations. "On ne ferme pas la porte aux avancées de la science", a-t-il affirmé. "Il n'y a pas de volonté de casser la recherche", a renchéri Philippe Gosselin (UMP), "étonné" du "procès en ringardise et en obscurantisme" fait à la majorité, accusée de légiférer sous l'influence notamment de l'Eglise catholique.
Le député PS Gaëtan Gorce a reproché à cet égard au gouvernement d'avoir fait du débat sur la bioéthique "un débat idéologique" et "politique". "On a là un gouvernement qui veut remporter une victoire politique !", a-t-il dénoncé. "Même ceux (les députés de la majorité) qui défendaient l'idée de l'autorisation ont été interdits d'hémicycle !", a-t-il affirmé. "Depuis le début, vous vous cachez derrière la liberté de conscience mais chaque fois qu'il faut prendre une décision, c'est le refus du compromis", a-t-il poursuivi.
"L'embryon n'est pas une personne ni un matériau"
Le président des députés UMP, Christian Jacob, est venu dans l'hémicycle s'assurer du vote au moment du débat sur cet article (voté à 81 voix contre 31). Alain Claeys (PS), président de la commission sur la bioéthique, a essayé de semer le trouble dans les rangs de droite: "le choix est simple: ou on autorise dans un cadre très strict ou on interdit (complètement, ndlr) ces recherches". "Le mot dérogation n'a aucun sens!", a-t-il poursuivi.
"La bonne réponse est celle de l'interdiction avec dérogations", a rétorqué Hervé Mariton (UMP). "L'embryon n'est pas une personne ni un matériau", a-t-il poursuivi. 58 députés de la majorité ont signé la semaine dernière une tribune en faveur du maintien du système actuel. "Vous dites que ce n'est pas nécessaire, c'est faux!", s'est emporté Jean-Yves Le Déaut (PS). "C'est impensable !" et "j'ai mal pour mon pays, car je pense que ce n'est pas la bonne solution", a-t-il lancé.
Olivier Jardé (Nouveau Centre) a plaidé également en faveur de l'autorisation "au nom d'une certaine lisibilité", notamment vis-à-vis de pays étrangers. "Faut-il réfléchir en franco-français?", a-t-il interpellé.
Source : Le Figaro