La HAS propose de privilégier les solutions non-médicamenteuses...
Et si un sport, un régime ou une thérapie avec un psychologue figuraient sur l'ordonnance au même titre qu'un antibiotique? À travers un rapport remis à la Direction de la sécurité sociale (DSS), la Haute autorité de santé (HAS) lance le débat. Mais au pays du médicament roi, les freins à cette idée de bon sens demeurent nombreux.
Vers une prise en charge collective?
Des freins culturels, d'abord. Dans son rapport, la HAS souligne la valeur symbolique de l'ordonnance médicamenteuse. Prescrire un médicament, c'est tout à la fois reconnaître le bien-fondé de la plainte du patient et faciliter son chemin vers la guérison grâce à un médicament tout puissant aux pouvoirs presque magiques : un maximum d'effets pour un minimum d'effort. L'inverse, en somme, de l'implication que demande un régime ou un entraînement.
La HAS propose en conséquence d'officialiser ces prescriptions sur l'ordonnance et ouvre la réflexion sur une possible prise en charge collective. Des freins économiques ensuite. «Les prescriptions non médicamenteuses prennent du temps car il faut convaincre le patient, détaille Clémence Thébaut, chef de projet à la HAS et auteur du rapport. De modifier ses habitudes dans le cas d'un régime ou de remettre en question ses schémas de pensée pour s'engager dans une psychothérapie». Autant de temps et d'efforts de formation en plus demandés aux médecins.
Aussi la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) appelle-t-elle déjà à ce que cette évolution s'accompagne «d'une juste rémunération du temps médical».
Ingrid Gallou