MA POSITION FACE À L'UMP
Vous prétendez avoir rompu avec l'extrême-droite incarnée par le FN et vous désignez par ailleurs la gauche comme adversaire prioritaire. Est-ce à dire que vous voulez vous rapprocher de l'UMP, passer des accords avec la droite parlementaire ou même rejoindre cette formation ? Quelle est votre opinion sur cette nouvelle formation qu’est l’UMP ?
Je ne suis pas en accord avec l'UMP
J'ai en effet clairement rompu avec l'extrême-droite et n'ai, à ce titre, rien à voir avec le FN dont les positions extrémistes et la démarche marginale rendent son action totalement stérile. Pour autant je ne suis pas en accord avec l'UMP car ce parti suit une ligne centriste qui le rapproche des socialistes. Il n’incarne donc à mes yeux aucune véritable alternative par rapport à la gauche. Je ne souhaite pas pour cette raison fondamentale rejoindre l'UMP.
L’UMP n’a pas rompu avec la gauche
En juin 2002, l'UMP s'est en effet retrouvée dans la situation tout à fait exceptionnelle de disposer de tous les pouvoirs institutionnels : président de la République élu avec 80 % des voix, majorité absolue à l'Assemblée nationale et majorité au Sénat. Elle avait de surcroît face à elle une gauche en pleine déroute, massivement rejetée par les Français. L'UMP avait donc tous les atouts pour engager une grande politique de renouveau national. Elle aurait pu remettre en cause toutes les lois néfastes imposées par les socialistes au cours des années passées et lancer une politique de droite, nouvelle et moderne. Elle n'en a rien fait, le gouvernement UMP n’a pas rompu avec le socialisme et suit une ligne centriste dominée par la pensée unique, elle-même largement façonnée par la gauche.
L’UMP n’est pas le rassemblement de la droite
Par ailleurs, l'UMP est une construction totalement artificielle. L'idée de vouloir créer un grand parti unique de la droite pour transformer la vie politique française et la rapprocher du bipartisme anglo-saxon n'est pas réaliste. Cette conception n'est en effet pas conforme à l'esprit, aux traditions et aux institutions de notre nation. Et, surtout, si telle était l’idée sous-jacente à la création de l'UMP, elle a totalement avorté. Car, dans le schéma américain ou britannique, les deux grands partis qui s'affrontent rassemblent chacun l'ensemble des sensibilités de leur camp. Aussi aurait-il fallu dans cet esprit que l'UMP réunisse l'ensemble des forces situées à la droite de l'échiquier depuis Bayrou jusqu'à nous et même jusqu'à Le Pen. Évidemment, il n'en est rien et l'UMP ne peut donc pas fonctionner comme un rassemblement.
L’UMP est un parti centriste
Dès lors, il lui faudrait se situer politiquement. Or, elle ne le fait pas. L'UMP est en effet un centre mou qui ne porte aucune doctrine, aucun projet, aucun système de valeurs, aucune vision pour la France. C'est une construction totalement désincarnée, sans racine, sans histoire, sans référence. On comprend que les militants gaullistes du RPR aient éprouvé beaucoup de difficultés à se rallier et à se reconnaître dans une structure aussi abstraite. L'UMP ne constitue donc qu'une machine électorale. Une machine qui dans l'avenir sera d'autant moins efficace qu'elle n'a pas réussi à rassembler en son sein l'ensemble des sensibilités de droite et qu’elle n’exprime par ailleurs aucune identité claire.
L’UMP est une structure politicienne sans projet
À vrai dire, l’UMP a pour seule ligne de conduite le soutien inconditionnel au gouvernement et au Président. Elle pratique, comme le parti gaulliste, la technique du godillot, mais n'a pas, comme ce dernier, la vision, le souffle et le projet. Pour autant, l'UMP n’évitera même pas les querelles qui ont toujours divisé la droite parlementaire. Rien n’est en effet réglé pour apporter une solution à la désignation du candidat à la présidence de la République. Les oppositions de clans et les compétitions d'écuries vont continuer. L'UMP n'aura servi au total qu'à détruire les anciens partis historiques et charnels pour leur substituer une structure désincarnée, dépourvue de références et de projet. L'UMP n'a pas d'avenir au service de la France.
Source : Bruno-Mégret.com