Le parcours est écourté, le pas plus lent mais à 78 ans le plaisir semble identique. L'ancien président Jacques Chirac a été accueilli comme une star mardi au Salon de l'agriculture, un rendez-vous qu'il n'aurait manqué pour rien au monde, à deux semaines de son procès.
Une main appuyée sur l'épaule de son ami Christian Jacob, chef de file des députés UMP, l'autre main pour saluer la foule: celui qui fut ministre de l'Agriculture sous Pompidou (1972-74) a déambulé pendant une heure au milieu des charolaises, des blondes d'Aquitaine ou des limousines, les seules à demeurer imperturbables au milieu d'une gigantesque cohue.
Dans les allées du salon, les policiers et le service d'ordre privé ont eu toutes les peines du monde à contenir la foule et les journalistes. Quelques bagarres ont éclaté. Déchaîné, un vigile s'est notamment rué, sous les yeux d'une foule interloquée, vers un photographe, pour asséner un violent coup de poing sur son appareil.
Malgré l'agitation qui l'entourait, l'ancien chef de l'Etat, qui a occupé l'Elysée de 1995 à 2007, a semblé savourer son plaisir, se nourrissant d'applaudissements, de crépitements de flash et de "Bravos!" lancé par les badauds.
"C'est toujours un plaisir de venir voir les agriculteurs en général et venir au Salon en particulier", a-t-il lâché, l'une de ses rares déclarations. La visite, limitée au pavillon des éleveurs, n'avait rien des marathons interminables auxquels il se prêtait durant ses mandats.
Ancien député de Corrèze, Jacques Chirac avait fait de ce rendez-vous annuel une marque de fabrique de sa carrière, soignant sa popularité à coups de "tapes sur le cul des vaches" et de haltes répétées pour goûter les produits du terroir devant les caméras.
A deux semaines d'un procès historique, où il comparaîtra dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris, Jacques Chirac a pu constater que sa bonne image restait intacte dans le décor de la plus grande ferme de France.
"Il y a toujours un peu de nostalgie face à quelqu'un qui est si attaché à un secteur", a confié Hervé Vigourreux, représentant de l'interprofession "boucherie chevaline de France", qui a trouvé l'ancien président "très alerte" à l'heure du déjeuner.
Jacques Chirac était accompagné de son ami, l'homme d'affaires François Pinault, et outre Christian Jacob, d'autres ténors de la droite ou du centre avaient fait le déplacement, du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, à l'ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, en passant par l'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.
Ce dernier, premier ministrable et désormais potentiel candidat du centre en 2012, s'est dit "touché que le président Chirac (lui) propose de l'accompagner" pour sa visite. Faudrait-il y voir un signe politique? "Non, non...", a-t-il répondu.
Source : dépêche AFP