Le ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa, l'un des membres du premier cercle de Moammar Kadhafi, a fait défection et est arrivé à Londres mercredi soir, selon le gouvernement britannique qui précisait jeudi qu'il ne bénéficierait d'aucune immunité diplomatique.
Un porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a assuré que M. Koussa se trouvait à Londres "en mission diplomatique". "Il n'a pas fait défection", a-t-il dit aux journalistes à Tripoli.
L'arrivée du chef de la diplomatie libyenne et ancien haut responsable du renseignement montre que le régime Kadhafi est "fragmenté, sous pression et qu'il s'écroule de l'intérieur", s'est réjoui son homologue britannique, William Hague, jeudi.
"Moussa Koussa ne se voit offrir aucune immunité de la justice, ni britannique, ni internationale", a-t-il ajouté.
Il faisait peut-être référence au rôle que ce proche du colonel Kadhafi est soupçonné d'avoir joué notamment dans l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988 et celui de 1989 contre le DC-10 d'UTA au-dessus du Niger, qui avait fait 170 morts.
Moussa Koussa en sait beaucoup sur le régime libyen puisqu'avant de devenir le ministre des Affaires étrangères, il a dirigé le renseignement extérieur (espionnage) pendant plus de dix ans et est considéré comme l'un des plus proches conseillers de Moammar Kadhafi. Ces dernières années, il a beaucoup oeuvré pour sortir la Libye de son isolement sur la scène internationale.
"Il nous a dit qu'il démissionnait de son poste. Nous discutons avec lui", a fait savoir le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué.
Moussa Koussa est arrivé mercredi soir à l'aéroport de Farnborough, à 55km au sud-ouest de Londres, après avoir passé deux jours en Tunisie, alors que le vice-ministre libyen chargé des Affaires européenne, Abdelati Laabidi, qui l'accompagnait, regagnait de son côté la Libye, selon l'agence de presse officielle tunisienne TAP. Une source diplomatique tunisienne ayant requis l'anonymat a déclaré à l'Associated Press que M. Koussa avait rencontré à son hôtel à Djerba une "délégation étrangère".
Les ministres libyens de la Justice et de l'Intérieur ont déjà rejoint l'opposition dans l'Est du pays peu de temps après le début de la contestation à la mi-février et sa répression violente par le régime Kadhafi.
La démission de Moussa Koussa serait la première à ce niveau depuis le début de l'intervention aérienne internationale en Libye le 19 mars. Elle représente un sérieux coup politique pour le régime de Tripoli qui, sur le plan militaire, force l'insurrection à reculer depuis mercredi alors que les frappes internationales lui avaient permis de regagner le terrain perdu les jours précédents.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a réitéré mercredi l'appel de Londres, Paris et Washington aux proches de Kadhafi pour qu'ils "l'abandonnent pour un avenir meilleur pour la Libye qui permette la transition politique et des réformes réelles qui répondent aux aspirations du peuple libyen".
Un membre d'un influent groupe d'opposition libyen à Londres, Guma El-Gamaty, a salué la défection de Moussa Koussa mais a estimé que l'opposition ne l'accueillerait pas volontiers étant donné son rôle dans les agissements du gouvernement de Kadhafi pendant de longues années.
Source : le nouvel observateur