Qu’est-ce que l’Alliance que vous fondez aujourd’hui?
Nous formons une nouvelle famille politique pour oxygéner la vie politique française. Ce n’est pas une alliance de circonstance ou une écurie présidentielle. C’est une force politique, républicaine, écologiste et sociale qui se crée sur des valeurs, une vision, et qui cherche à débloquer un certain nombre de points de crispation dans la société française : la situation de la jeunesse, des classes moyennes ou méritantes, pour lesquelles les fins de mois sont de plus en plus difficiles, celle de l’agriculture et de l’élevage… En 2012, il y aura d’un côté les conservateurs de gauche ou de droite qui pensent qu’il n’y a plus de solutions, et de l’autre nous, une force indépendante, libre, audacieuse, extrêmement responsable. Nous nous adressons aux Français qui veulent un vrai débat et un vrai choix.
Pouvez-vous réussir cette alliance sans François Bayrou?
Nous sommes au-delà des acteurs politiques! Bien sûr, nous regroupons l’essentiel du centre et les équipes de Bayrou de 2007. Mais nous allons au-delà, avec des gens de droite, de gauche, de la société civile… Ni Rama Yade ni Fadela Amara ne sont centristes. Tous ceux qui veulent une société plus juste, généreuse, audacieuse et qui constatent le désarroi d’un certain nombre de Français, inquiets de la tendance au repli sur soi, au clivage, à la recherche permanente de boucs émissaires. Nous voyons bien que la société française se tend, qu’elle devient parfois violente. À l’Alliance, nous n’envisageons une sortie de crise que par une relance économique, industrielle, agricole, par la cohésion sociale, par de grands projets européens, par le retour des banques au financement de l’activité réelle, par le respect de l’autre. Il ne s’agit pas d’un accord politicien entre quelques personnes, c’est hors de propos. C’est un véritable mouvement de société que nous voulons lancer, bien entendu ouvert à tous ceux qui veulent le rejoindre.
Seriez-vous prêt à travailler avec François Hollande ou Martine Aubry?
Non, mais cela n’a évidemment rien de personnel.
La France est-elle mûre pour accueillir ce mouvement?
J’en suis convaincu. Quand je discute avec des salariés de l’industrie ou des services, des agriculteurs, des professeurs, des infirmières, je crois qu’il y a une capacité de recréer un enthousiasme français, à une condition : être authentique, aller au fond des choses, prendre les problèmes un par un, à bras-le-corps, et ne pas seulement se contenter de slogans.
Êtes-vous toujours prêt à représenter ce « mouvement de société » à la présidentielle?
Je m’y prépare. Se préparer, ce n’est pas hésiter, c’est respecter les Français. Le problème n’est pas de savoir si quelqu’un saute sur sa chaise en disant : « Je veux être candidat! » Le problème, c’est qui il est, quelles valeurs il porte et pour quoi faire, et surtout s’il va associer les Français à son action ou s’il pense pouvoir avancer tout seul, ce qui, à mon avis, est impossible.
Qu’est-ce qui vous rend, dans votre parcours personnel, « prêt » pour la bataille de 2012?
J’ai eu la chance que mon parcours m’entraîne devant des situations apparemment bloquées : à Valenciennes, puis dans toute la France, l’état désastreux des quartiers en difficulté, la bataille pour l’emploi entre 2005 et 2007, la mutation écologique et énergétique par la méthode du Grenelle. Je sais qu’avec de la ténacité, une vision claire, on peut faire les choses. L’essentiel de nos problèmes dépend de nous, et pas des Chinois ou des Indiens. Comme l’accès des jeunes à l’emploi, le coût du logement, la justice, la sécurité, la maîtrise des comptes publics… Il faut prendre les problèmes un par un, identifier les points de blocage, les difficultés, et bâtir des solutions partagées. Par exemple, une offre de logement massive impactera positivement le pouvoir d’achat.
Vos rencontres régulières avec le chef de l’État entretiennent le doute sur vos ambitions…
Je suis suffisamment indépendant et libre dans ma tête pour pouvoir rencontrer Untel ou Untel. Je ne tire pas ma liberté d’une absence de dialogue ! Ce n’est pas parce qu’il y a au sein de la majorité deux visions pour l’avenir, ce qui est normal et sain, que l’autre se transforme en ennemi. Je vois bien que l’on me prête des calculs politiciens. J’ai pourtant toujours été clair, je ne cherche pas à retourner dans un gouvernement.
Vous dites être un homme libre ; en même temps, une candidature à la présidentielle, c’est une forme d’asservissement…
Quand vous proposez de servir une cause, une ville, un pays, vous en acceptez le poids, les difficultés, la pression. Ce n’est pas la campagne qui est difficile. C’est au contraire passionnant d’écouter et de comprendre les gens. La difficulté, dans une démocratie, c’est de devenir une force de transformation sociale et de progrès, et la seule grande pression, c’est d’honorer la confiance qui vous est faite. Imaginez que je sois candidat et que je sois élu : il me faudra mettre en œuvre les engagements pris et aussi m’adapter en permanence, sereinement, aux événements et aux mutations qui surviennent au cours du mandat.
Et vos proches que l’on veut faire entrer au gouvernement?
On n’est pas avec moi ou contre moi. On ne va pas se bunkeriser! En tout état de cause, je ne pense pas que ça change leurs convictions.
Les « pressions » de l’Élysée ont pu vous faire peur?
Non. J’essaie simplement de comprendre pourquoi ma démarche crée autant d’inquiétudes, alors qu’elle est à mon avis plutôt de nature à faire baisser les extrêmes. La force anti-21 avril, c’est le choix, le débat… donc nous!
Vous avez dit, à ce sujet, que vous seriez responsable?
Je suis là pour servir les Français, pas pour faire une carrière. On entre dans une grande période de débat, je le répète, je me comporterai à tous égards de manière responsable.
Supporterez-vous la lessiveuse médiatique?
Je ne crains rien, d’abord parce que je ne me suis jamais déguisé, on me l’a assez reproché. On ne va pas découvrir autre chose que ce que je suis, avec mes défauts et mes qualités. Je ne suis pas devenu lisse.
Source : borloo2012.com