Le procès du médecin, accusé du meurtre de sa belle-fille, est renvoyé sine die pour raison de santé. "Un stratagème", dénonce le père de la jeune fille. Par Bérénice Rocfort-Giovanni.
Le verdict du procès de Dieter Krombach, médecin allemand de 75 ans accusé du meurtre de sa belle-fille, Kalinka, devait être rendu dans quelques jours. Mais André Bamberski, père de la jeune fille, convaincu de la culpabilité du docteur depuis le décès de Kalinka en 1982, devra encore attendre. Suspendue lundi en raison d'un malaise de l'accusé, l'audience a repris ce jeudi 7 avril sans Krombach, pour finalement tourner court, a constaté Nouvelobs.com sur place.
"L'état de santé de Krombach impose un repos de deux semaines", a indiqué l'expert médical qui l'a examiné cette semaine. Un procès d'assises nécessite une continuité dans les débats et la disponibilité des jurés, rappelle la présidente de la cour, Xavière Siméoni. Le procès, ne pouvant souffrir une pause aussi longue, est donc renvoyé sine die.
"Krombach a manifesté un problème de santé à chaque fois qu'il a eu affaire à la justice", souligne Me Caunes, avocat de Bamberski. "Il fait des malaises sur demande", déplore quant à lui Bamberski, selon qui Krombach n'a "jamais eu d'infarctus du myocarde", mais seulement une pathologie touchant les vaisseaux sanguins. Il dénonce "un stratagème".
Dans la même veine, le procureur général souligne "le caractère opportuniste" de l'incident et une "allergie" de l'accusé à la justice. Mais demande tout de même le renvoi du procès.
"C'est dégueulasse", s'étrangle Me Ohayon, avocat de Krombach, qui rejette toutes les accusations de simulation. Pour prouver la bonne foi de son client, il rapporte que celui-ci aurait déclaré, dans sa chambre d'hôpital, "la présidente de la cour va m'en vouloir". Une anecdote censée attendrir, mais qui n'a pour seul effet de déclencher des ricanements dans la salle d'audience. Et un recadrage cinglant de Xavière Siméoni : "Vous direz à votre client que je ne lui en veux pas, car on n'est pas dans un registre personnel", déclare-t-elle, soulignant la nécessité pour la justice de faire son oeuvre.
Bérénice Rocfort-Giovanni - Nouvelobs.com
Source : Nouvelobs