Dossier réalisé par l'Internaute.com
"Je reprendrais pour mon compte la déclaration des droits de l'homme qui veut que nous soyons tous HEGO !"
Chef de file des "Hégoïstes"
Fénelon Hégo
C'est durant les élections législatives de 1902, dans la 3e circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris, que Fénelon Hégo, honnête matelassier féru de politique, sort de l'anonymat. Une bande de joyeux noceurs le pousse à faire des réunions publiques. Le préfet de police, inquiété par cette candidature soudaine, demande à un agent en civil d'épier un de ces rassemblements. Le 5 avril, le préfet reçoit, en bonne et due forme, un rapport sur Fénelon Hégo intitulé "Réunions publiques organisées par un toqué". Le candidat, alors âgé de 53 ans, serait en réalité légèrement dérangé et de nombreux badauds viendraient s'en amuser. Ses partisans de plus en plus nombreux se nomment les "Hégoïstes" et entonnent à la fin de chaque assemblée "La chanson des Hégoïstes".
Pourtant, le 27 avril 1902, jour des élections, le candidat ne réunit que 0,48 % des voix exprimées. Mais avec ses longues moustaches, ses multiples décorations en fer blanc, il devient une figure incontournable du quartier de la Goutte d'or et, fort de ce succès populaire, propose de nombreuses mesures pour séduire davantage son électorat :
» Extinction du paupérisme après huit heures du soir
» Suppression du métropolitain, qui sera remplacé par des ballons dirigeables incandescents
» Eclairage gratuit de la ville au moyen des Arcs-en-ciel de l'inventeur Fénelon Hégo
» Suppression des inondations à venir. Lorsqu'une crue serait prévue, on étendrait sur le fleuve une épaisse nappe de pétrole que l'on enflammerait. L'eau rentrerait en ébullition et s'évaporerait, n'étant pas munie d'un couvercle
Candidat inamovible, Roi honoraire du Congo
Cette propagande fonctionne puisqu'aux législatives de 1906, Fénelon Hégo triple son score en totalisant 1,51 % du corps électoral. Dès lors, rien ne peut plus l'arrêter, d'autant que même la presse commence à s'intéresser à lui. Les législatives de 1910 approchent et celui qui s'est autoproclamé "candidat inamovible" signe désormais ses déclarations par "Fénelon Hégo 1er". Il confie même à un reporter du journal Le Matin que son illustre cousin, le défunt roi des Belges, lui a remis "des titres secret qui lui confèrent l'honneur de régner sur les noirs congolais". Mais malgré ces nouvelles responsabilités, Fénelon Hégo 1er, candidat inamovible et roi honoraire du Congo, ne comptabilise pas plus de voix qu'en 1906. Ecœuré par ce qu'il considère comme un complot, il abandonne la politique et s'en retourne à ses matelas.